HLP - Le pouvoir de la parole



Pour définir la parole, il faut dire ce qu’elle n’est pas. 

=> parole

=> oral 

langage     => langue

(capacité de => écrit

s’exprimer)


    La parole se distingue de l’écrit et de la langue. 

    L’écrit offre un instrument où l’on peut le mieux déposer sa pensée sous la forme du langage. L’écrit ne prend pas de risques. Alors que la parole est un geste qui peut être interrompue à tout moment. 

La parole n’est pas la langue (qui est l’ensemble des signes qu’elle emprunte à une culture en particulier). La parole est singulière, elle reflète un choix, une liberté. La langue est sociale, elle « le produit que l’individu enregistre passivement » comme le dit le linguiste Saussure. Cela signifie aussi que la parole doit résister à un ensemble de codes et de règles, à un vocabulaire prédéterminé aussi, mais pour mieux trouver sa propre forme. 

La parole peut donc confirmer un style, en étant porté par une voix, par une personne… Mais elle peut aussi s’enfermer dans des tics :





Les tics de langage semble marquer une perte de contrôle, dont on se rend à peine compte. Le mot vient de « ticchio » en italien, qui signifie régurgitation, ou « rot », notamment lorsque le cheval avait mal avalé. Le tic linguistique est régurgitation de mots, car on entend beaucoup de discours. Nous subissons la langue. 

Les jeunes en particulier sont friands de tics, de leur viralité, de leur créativité, qui permet de produire une identité générationnelle forte.  

Mais la parole risque donc d’être complètement vidée de son sens personnel, et n’être plus que le reflet d’une appartenance sociale. 





  Un individu doit donc ne pas perdre le contrôle quand il parle. Mais il doit aussi ne pas se laisser parler, c’est-à-dire succomber aux sous-entendus, aux manipulations du langage courant. On doit réussir à « ne dire que ce qu’on veut dire, et rien de plus. » Il faut être clair et précis et purifier sa propre parole des tics, mais surtout des slogans ou des expressions toutes faites. 

La rhétorique alors n’est pas seulement l’art de bien parler, mais l’art de s’exprimer à la première personne.
Si une parole s’assume comme telle, elle est « ouverte » comme dirait Montaigne, elle peut être interrompue. Mais en même temps, parce qu’elle se présente comme vulnérable aux remarques de l’autre, cette parole peut engager un dialogue.

On retrouve notre concept d’« ouverture sociale » proposée par Nick Riggle. Si vous devenez « un individu en quête d’individuel » alors vous poussez les autres à répondre également comme de véritables individus.
Pour conclure, on peut dire que parler est aussi une compétence, une technique. Une parole réglée est à la fois mieux comprise, car elle se glisse dans un format connu. Et une parole réglée est aussi une parole qui s’exerce à mieux maîtriser ses effets. Pensons à Démosthène qui s’entraînait à réciter son discours devant la mer avec des cailloux dans la bouche.

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