Animal miroir et utopies animales



Animal miroir

Les animaux ne sont pas réellement l’objet d’une connaissance humaine. On préfère moins les connaître que se reconnaître en eux. Aujourd’hui encore, beaucoup de divertissements ont la forme de fable d’animaux anthropoïdes (zootopia, beastars, bad guys, pompoko, nemo, madagascar…). Le roman de Renart, la ferme des animaux ou Babar sont d’autres formes de contes parfois cruels plus anciens. Nous n’arrivons pas à nous passer de ce miroir que sont les animaux pour nous.

Les humains projettent sur les loups leurs propres pulsions violentes. Plaute écrit ainsi que « pour l’homme, l’homme est un loup et non un homme, quand il ignore quel genre d’homme il est ». L’humain ne peut être digne de confiance quand il ne connaît pas ses congénères. Cette vision pessimiste de l’homme a été amplifié lorsque Hobbes utilise de nouveau cette citation. « Homo homini lupus est » signifie en philosophie politique qu’il ne faut pas espérer une amélioration morale des humains, mais proposer un système politique qui tient compte du goût des humains pour la guerre.

Les animaux servent donc à adresser des leçons. Epictète conseille par exemple de connaître la partie passionnelle des humains à travers des comparaisons avec des animaux. Mais il ne faut pas oublier que cette partie passionnelle ne doit pas éclipser la partie meilleure de l’humain, sa partie rationnelle, qui est aussi divine. Il ne faut pas nourrir cette partie animale tout en l’acceptant. Ne pas se laisser guider par la peur de cette partie animale (comme lorsque nous nous trouvons dans une foule), mais plutôt comprendre que nous pouvons faire bon usage de notre animalité (par exemple traverser une foule si nous en avons besoin). En revanche il faut éviter de nourrir cette animalité. Epictète conseille : « Prends donc garde à toi, et tâche de ne pas augmenter le nombre de ces monstres. »


Utopie animale

Mandeville est un essayiste, à la fois médecin et philosophe, de la fin du XVIIème siècle et du début du XVIIIème. Il écrit La Fable des abeilles en 1705. Deux idées fortes sont développées.

Les abeilles vaquent à leurs occupations, sans être guidés par un roi ou l’autorité d’un état, et pourtant elles parviennent à vivre de façon prospère. Ces fabeilles sont devenues l’emblème d’un marché libre qui s’auto-régule, et finit par être plus efficace que toute forme de planification. Adam Smith se souviendra de cette leçon lorsqu’il parler de main invisible du marché. « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. »

La deuxième idée forte est la cause de cette prospérité. Car parmi cette ruche se cache des « fripons », c’est-à-dire des menteurs, des arnaqueurs, qui s’enrichissent au détriment des autres. Comment peuvent-elles être prospères ? Parce que le travail qu’elles volent (comme les guêpes ou les faux bourdons d’Epictète) obligent les plus laborieux à travailler davantage. Ces fripons mettent d’une certaine façon la pression sur le reste de la communauté. Ainsi, la conclusion est sans appel : « Les vices particuliers contribuent à la félicité publique. » Il ne faut pas guérir ces vices, les interdire ou les critiquer, car ils produisent accidentellement un équilibre avec les vertus qui est la clé de la richesse d’une nation. 

Ainsi, lorsque la ruche décide de devenir vertueuse, elle perd sa prospérité. Mandeville prenait pour exemple les rues de Londres, qui étaient devenues plus propres pour tous, malgré les inégalités grandissantes.

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